Teresa ARAYA

De la destruction comme élément de l’histoire naturelle *

Adolescente, elle rêvait de devenir architecte. Les aléas de la vie et de l’histoire ont contrarié son désir. Pourtant, elle rêve encore d’architectures.
Mais en guise de projets, Teresa Araya nous projette violemment dans son univers chimérique, imaginant des constructions du futur ou du présent qui viennent briser l’harmonie de la nature.
Sous forme d’ébauches épurées ou de constructions géométriques savamment élaborées, elle nous montre que l’intervention humaine crée un abîme entre deux univers qui semblent irréconciliables.
Par la magie de son trait et de ses couleurs, elle met en perspective le devenir de l’homme face à son environnement. Ses villes, ses tours de Babel sont peuplées d’êtres figés, fantomatiques, sans attache. Tous semblent murés dans leur propre solitude. Ses tableaux s’apparentent à des allégories et, derrière chacun d’eux, transparaît comme une station de descente aux enfers agnostique.
A partir d’une palette sombre où dominent les bruns intenses et le noir, Teresa Araya fait jaillir la lumière, pour mieux jouer avec les clairs-obscurs qui finissent par provoquer des effets de transparence qui estompent les contours jusqu’à l’évanescence.
Sans doute magicienne dans une autre vie, elle procède par superpositions de strates qui entraînent souvent l’apparition et l’effacement de formes ou de représentations. En jouant de la gamme de ses couleurs avec virtuosité, elle les fait danser sur des rythmes alternés, tantôt lents, tantôt rapides mais toujours endiablés, jusqu’à l’ivresse de la démesure.
Son regard subjectif et inquiet sur le monde s’éclaire alors d’incandescences, de fulgurances et de compositions audacieuses où l’humour arrive à percer, nous laissant penser que la peinture est toujours vitale.

Jean-Pierre Sanchez

• Titre emprunté à Winfried Georg Sebald

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