Pascal PIEDS-FERRES

PHOTOGRAPHIES

Pascal PIEDS-FERRES, PYEF travaille le portrait photographique depuis ses études à l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts de DIJON.

Installé depuis quinze années à CHARNY, dans l’Auxois-Morvan. Il conjugue une photographie naturaliste qu’il associe au portrait des personnes de son environnement.

La transposition des poses de studio en extérieur lui permet de capter la lumière du jour et transcender ses représentations photographiques..

Les personnes photographiées, témoins du devenir de notre société, sont transcendées aussi bien dans leur beauté charnelle que dans leur état de réflexions intérieures..

L’utilisation fréquente du noir et blanc participe à son univers fantastique.

Expositions individuelles et collectives  

  • Portraits intimes, café « le CARPE DIEM », SEMUR en AUXOIS, 2011
  • Portraits intimes, Biennale des arts contemporains de SAULIEU édition 2015
  • Entre Profane et sacré, studio CREA NOMADE, 2014
  • Entre profane et sacré, CHAGNY, 2016
  • Nouvelle église, studio CREA NOMADE, 2017

 PORTRAITS INTIMES

Pour des raisons de santé, j’ai vécu en cure jusqu’à l’âge de six ans. J’ai peu de souvenirs de cette période. Ce dont je me rappelle surtout, c’est d’avoir navigué au milieu d’une masse d’enfants auxquels je ressemblais. Une collectivité où tout semblait uniforme…

Étions-nous tous semblables, tous différents ? Devant la masse d’enfants à laquelle j’appartenais, je ne distinguais guère nos différences. Pourtant, au delà des blouses uniformes que nous revêtissions, il y a avait quelque chose de flou qui m’interrogeait : quelles étaient nos individualités ? Cela m’interpellait.

Depuis cette époque, je pris l’habitude d’observer avec curiosité les gens que je rencontrais afin de percevoir dans leurs personnalités ce qui pouvait différencier de la mienne. C’est à ce moment que mon travail commence.

Une fois que la guérison fut effective, je retrouvai ma famille qui s’était agrandie d’un nouveau membre : le poste de télévision. Je suis devenu très vite fasciné par cette boite carrée en placage laqué qui répondait à mes interrogations identitaires en me proposant des stéréotypes auxquels je n’avais plus qu’à y transposer les personnalités de mes copains d’école, des membres de ma famille. J’avais trouvé un allié à la résolution de mes questionnements !

Je pu, enfin, vivre mon enfance au sein d’une famille où il fallait reconstituer les liens distendus. Je me souviens que mon père prenait beaucoup de photographies de notre famille.

Lorsque les diapositives étaient livrées, il y avait une sorte de rituel. Notre salle à manger se transformait en salle de projection et nous nous réunissions autour d’instants qui nous avaient déjà réunis.

Etrange réalité que de se revoir en image et tenter de se réapproprier les sensations du weekend de la semaine passée. Ce que je percevais dans ce rituel c’était le désir qu’avait mon père pour fixer ces instants de bonheur. « La photo demeure toujours invisible : ce n’est pas elle qu’on voit, mais l’objet désiré, le corps chéri ».

Adolescent, je découvrais l’attrait physique de mes camarades en même temps que j’éprouvais mes premières émotions devant les portraits de la peinture. Je prenais conscience que la réalité pouvait être mise en scène. C’est au moment où je construisais des espaces de liberté qui permettaient à mes premières émotions de s’épanouir, que je développais des amitiés qui me permettaient d’échapper à un univers familial devenu trop oppressant.

Ce ne fut pas un hasard si le mécanisme photographique joua un rôle si prépondérant à cette étape de ma vie.

L’appareil photo que mon père me relégua, parce qu’il n’était plus à la pointe de sa technologie, me permis de fixer la construction de mon nouvel environnement.

Mes photographies, au même titre que celles de mon père participaient à la définition d’une famille. Mais une autre. La mienne. Et même si je n’en avait pas réellement conscience, elle participait à l’émancipation de ma personnalité.

Mes premières images témoignent de ces instants d’intimité. Le partage d’émotions et de sentiments profonds, de connivences intellectuelles et sentimentales. Elles figent les individualités que j’apprenais à déceler, la fascination qu’exerçaient sur moi certaines personnalités.

Mes portraits intimes se veulent être la traduction d’émotions profondes, déterminantes. Sans doute, la volonté de les immortaliser, en les photographiant, palliait certainement à ma peur de voir leur intensité se diluer dans le flot de mes nombreuses autres émotions juvéniles.

A cette époque, je vouais une religiosité particulière aux personnes que je choisissais de photographier. Je considérais mes images comme des exvoto protecteurs que j’inscrivais dans le sanctuaire de mes idéaux.

Au delà de ma volonté de transcender la beauté de l’instant, je traque dans le regard des personnes que je photographie, la partie qu’elles possèdent de moi : rapports complexes de sentiments, d’admiration mutuelle, parfois d’amour. Mes images fixent un moment privilégié où se matérialise toute la richesse d’une complicité. Un espace temps

imperméable aux influences extérieures, une sorte de espace qui existe, c’est celui de mon viseur, un seul temps, réel dans la mesure où c’est à cet instant précis que se fait le déclenchement. Une transcendance se produit. La photographie transcende espace et temps, et c’est invisible à l’oeil nu. »

J’utilise la gamme du noir et blanc car elle me semble, mieux que la couleur, décliner les nuances des connivences passées. C’est encore un clin d’oeil aux séries télévisées des années soixante dix, avant l’avènement de la couleur, qui ont, aussi, été des repères importants dans la construction de ma personnalité.

Mais au delà de la subjectivité que contient le noir et à la dimension intimiste de mon univers en n’y révélant que les lumières et les ombres. « Il y a du premier jour du monde dans le noir et blanc, autant par ses effets de camaïeu, dans ses douceurs que dans ses duretés. Il a toutes les possibilités d’un jour qui n’est pas le jour du monde réel, mais le jour et l’ombre d’un autre que le réel. A la fois il déréalise et il surréalise ».

Le noir et le blanc se dégagent des contraintes de ressemblances, dépeignent l’intensité de la réversibilité entre l’objet et le sujet, l’absence de durée et la durée même. Les valeurs du noir et du blanc contiennent tous les rapports complexes et multiples que l’on attribut aux relations intimes. Ce que BARTHES caractérisait comme le particulier absolu..

HASCHEM…

 

J’ai poursuivi ce rapport photographique en fixant des personnes qui évoluaient dans mon environnement.

Seul la connaissance de quelques éléments de leur vie était suffisante pour les immortaliser par une séance photo.

Aujourd’hui, je veux mes images comme un récit pudique des choses de la vie. mais dont la réelle narration se trouverait à l’extérieur du cadre.

Des portraits s’articulent avec la complexité de notre société, la perte de nos repères traditionnels et la fin annoncée de

notre univers.. Les personnes photographiées sont des repères silencieux de notre propre existence.

Elles nous renvoient à nos propres interrogations.

 

 

LES MERVEILLEUX ENFANTS d’ APOLLON…

Je vis depuis quinze années sur le territoire de l’Auxois-Morvan. J’ai découvert une multitude de créateurs qui avaient

aussi choisi de s’y’installer. Ils représentent une plus value incontestable de l’attractivité de ce territoire.

C’est une première notion de mouvement. J’ai eu envie de les honorer… Un triptyque d’images permet une exploration subjective de l’univers de personnes ayant un rapport très intime avec la création. Créer c’est agir. C’est ma deuxième notion de la mise en mouvements.

La première image représente un détail de l’atelier, lieu de la création, univers singulier qui conjugue les besoins pragmatiques des gestes créateurs et les conditions nécessaires pour éveiller leur imagination.

La deuxième image capte l’artiste dans son univers habituel de création. Moment où j’impose peu de choses. Le créateur évolue dans son propre univers. Il sait qu’il est en représentation. L’image retient sa personnalité dans son contexte.

La troisième photographie est un plan rapproché du créateur. La personnalité est mise en premier plan. On pénètre dans un univers qui va au delà de la démonstration physique. L’image cherche à dévoiler ce qui n’est pas visible.

Ce protocole permet à chacun de percevoir l’intimité de l’autre. Celui qui livre son espace de création à celui qui l’enferme par les mécanismes photographiques. C’est à ce moment là que ce déroule un jeu étrange et silencieux entre photographié et photographe.

C’est une troisième notion de mouvement.

 

coordonnées :

+ PIEDS-FERRES Pascal
9 rue de l’église
21350 CHARNY